dimanche 17 janvier 2016

D É C O N N E C T É E

Photo crédit: pcmag.com

Le 1 janvier 2016 à 00:00:01 marquait pour tous la nouvelle année. Pour moi, cela marquait quelque chose d'un peu plus étrange: l'activation de mon téléphone cellulaire. Après 4 mois (soit le maximum de temps qu'il est possible de suspendre un contrat chez Rogers), je pouvais à nouveau texter et téléphoner aux autres comme une créature des temps modernes. Vous avez bien compris, pendant 4 mois, je n'avais pas de cell.

Je ne l'ai pas fait par choix. En fait, un peu. Vous savez, c'est des choses qui arrivent. C'est ben plate, mais ça arrive. Tu rentres pour ton shift de travaille, ton appareil est dans le fond de ton sac. Tu finis ton shift, tu fouilles dans le fond pis ben non, il n'est plus là. Tu le réalises pas sur le coup, mais tu t'es fait volé. Un Iphone 6. Trois mois, trois mois d'utilisation seulement. 1 000$ dépensés pour c'est trois mois. 100 heures au salaire minimum.

Après la réalisation, tu passes dans toutes les phases d'un breakup, je le jure. Mais ça ne change rien, les remords, les pleures, les si, les si, les si. Tu as perdu un shitload d'argent, un maudit cell à marde et, à part te faire un plan d'action, il n'y a pas vraiment de solutions. Et pour que ça fasse le moins mal au porte-feuille, pour amortir le choc, c'est ça la solution: pu de cell, pu pantoute.

Juste l'idée me donnait le vertige. Pis tu te dis oui. Ah pis tu te dis non. Pis fuck it esti, je ne suis pas une moumoune, c'est pas un cell qui va me tuer. Strong independant woman or what! Le combat des deux voix dans sa tête. «Mais qu'est-ce que je vais faire sans Instagram?» «Oh c'mon!» «Non, mais sérieux, j'en ai besoin...»

Étrangement, ne plus avoir de téléphone, c'est assez simple. Tu organises bien tes plans, tu arrives à l'heure. Ce qui est vraiment bizarre, c'est le regard des autres faces à ta démarche:
«Omg! Comment tu fais?!? Moi, j'aurais jamais été capable».
Eh oui. Élisabeth Pagé, héroïne des temps modernes. Émancipée du réseau cellulaire et de probablement tous contacts humains. Personne ne s'est intéressé à mon initiative, du genre «Ah! C'est ben l'fun, c'est ben différent» Non. Tous le même commentaire, le premier.

Certains pourraient trouver cet article complètement inutile. Mais pensez-y. Laisser votre cell chez vous pour une journée. Imaginez pendant 4 mois. Aucun snapchat entrant, aucun snapchat sortant. Aucune story. Si tu es perdu, pas de Google Map. Si tu es dans marde, tu peux pas appeler. Si tu trouves ça awkward parce que tu ne sais pas où regarder dans le bus, tu te grattes les doigts. Si ta musique était sur ton cell, t'en as plus de musique. Oh c'est beau, pas de photo. Pas de selfie. Shit fallait que je lui dise ça, pas de texto. Pas de «Ah je vais nous trouvez un café par Instagram», pas de «yo, regarde ce vidéo», pas de «attend, je check sur Google». Pas d'application Stm. Pas d'itinéraire.

Tu es pas mal perdu. Mais ça t'ouvre (c'est ben bizarre à dire) sur un autre monde. Tu trouves des alternatives. Ce que tu faisais sur ton cell, tu le fais sur ton ordi. Facebook devient ton meilleur ami. Tu imprimes ton itinéraire. Tu demandes ton chemin. Tu apportes ton livre partout (genre, il est vitale). Pendant les pauses à l'école, tu parles aux voisins, pis c'est drôle, mais tu peux devenir leur ami! ;) Tu finis par te foutre (dans mon cas, après 27 quart de secondes) du regard des autres. Si tu manques une soirée spontanée, tu manques une soirée spontanée: de toute façon, tu ne peux pas le regretter avec leur Snapchat. Tu piles sur ton orgueil et tu empruntes les appareils des autres pour appeler ta mom. Sérieusement, c'est pour ceux qui ne peuvent pas te rejoindre que c'est le plus difficile.

Mais le best, c'est clairement de ne plus l'avoir dans les mains. Pis quand tu jases avec tes amis, ben tu jases avec tes amis. Tu les écoutes. Tu les regards. Tu les trouves beaux, pis drôles, pis fins. Tu vies le moment présent comme ils disent. Même chose pour la famille, pour les étrangers. Je suis déjà allée souper avec des amis (si vous vous reconnaissez, sachez que je vous aime gros pis que j'aime chiller avec vous pareil!) et il y a eu un genre de 15 minutes où ils étaient tous sur leur cell sans vraiment parlé. Je les ai regardé. Et c'est là que j'ai vraiment réalisé dans quoi je m'était embarquée. J'aurais pu sortir mon livre...mais ç'aurait été impoli.

Big Love xox

Élisabeth 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire